Un clic, un élan, et l’argent s’envole, porté par une histoire qui bouscule. Soudain, des milliers de dollars atterrissent sur le compte d’un inconnu. Derrière cette avalanche de générosité sur GoFundMe, une interrogation s’invite, impertinente : pourquoi le don numérique ne s’invite-t-il pas sur la déclaration de revenus, tandis qu’un virement à une grande fondation fait sauter la case du crédit d’impôt ?
Chaque année, des Canadiens tombent des nues au moment fatidique de remplir leur déclaration fiscale. En 2025, le sujet fait grincer des dents : à l’heure où le financement participatif redéfinit la solidarité, faut-il aussi repenser les règles du jeu fiscal ? Les frontières entre soutien citoyen et déduction fiscale se brouillent. La générosité cherche sa place, crayon à la main, sur la feuille d’impôt.
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Plan de l'article
GoFundMe et fiscalité au Canada : panorama pour 2025
GoFundMe règne sur l’univers du financement participatif canadien. Pourtant, une zone d’ombre persiste : la fiscalité, grande absente dans le parcours du donateur lambda. La règle, elle, ne souffre aucun flou : seuls les dons remis à des organismes de bienfaisance enregistrés auprès de l’Agence du revenu du Canada ouvrent la voie à un crédit d’impôt. Or, sur GoFundMe, la majorité des collectes visent des situations individuelles, hors du terrain balisé par la loi de l’impôt sur le revenu.
Les frais viennent ajouter leur grain de sable. GoFundMe prélève à la fois des frais de plateforme et de transaction sur chaque don, érodant le montant remis au bénéficiaire. Face à ce constat, certains se tournent vers des alternatives : quelques campagnes s’appuient sur des partenaires comme PayPal Giving Fund pour proposer des reçus officiels. Mais attention : seule la contribution acheminée vers un organisme reconnu – via la bonne filière – octroie un avantage fiscal.
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- GoFundMe ne prend pas la place des organismes de bienfaisance enregistrés pour la déduction fiscale.
- Un don à une collecte personnelle ne donne jamais droit à un reçu officiel pour l’impôt.
- La reconnaissance du bénéficiaire par l’Agence du revenu du Canada reste la règle absolue.
Face à ce casse-tête, notez chaque don, identifiez le statut du bénéficiaire, et gardez un œil sur la moindre évolution réglementaire. Du côté de GoFundMe, la question de la déductibilité fiscale reste mouvante, tandis qu’Ottawa observe et ajuste.
Les dons sur GoFundMe : ouvrent-ils la porte au crédit d’impôt ?
Le doute hante les donateurs aguerris : la générosité sur GoFundMe permet-elle de réduire la facture fiscale au Canada ? Tout se joue sur le statut du bénéficiaire.
La loi de l’impôt sur le revenu trace une ligne nette : seuls les dons acheminés vers un organisme de bienfaisance enregistré sont éligibles à la déduction. Un particulier, aussi vulnérable soit-il, ne peut jamais générer de reçu officiel pour crédit d’impôt.
- Soutenir un proche, contribuer à une cause individuelle, financer un projet personnel via GoFundMe : aucun effet fiscal.
- Participer à une campagne associée à un organisme de bienfaisance enregistré : le reçu officiel doit venir de l’organisme, non de la plateforme.
Le montant admissible équivaut à la somme reçue par l’organisme, nette de tout avantage en retour. Sans reçu officiel de don, impossible de revendiquer un crédit d’impôt.
Avant de donner, vérifiez la présence du bénéficiaire dans la liste des organismes de bienfaisance enregistrés de l’Agence du revenu du Canada. Le crédit d’impôt fédéral, modulé selon le montant admissible, peut s’ajouter à une réduction fiscale provinciale, notamment au Québec. Ici, pas d’exception à la règle : savoir où va votre argent, c’est aussi savoir ce qu’il rapporte… ou non, sur la déclaration.
Cas concrets : la déductibilité à l’épreuve du réel
Deux histoires, deux chemins, deux réponses fiscales.
Premier scénario : un particulier lance une collecte GoFundMe pour payer des soins médicaux. L’argent file droit sur son compte. À la clé ? Zéro crédit d’impôt pour les donateurs. La loi de l’impôt sur le revenu ne reconnaît pas ce geste comme un don admissible, aussi sincère soit-il.
Deuxième scénario : une campagne GoFundMe annonce son partenariat avec une organisation à but non lucratif reconnue par l’Agence du revenu du Canada. Si la collecte est officiellement liée à l’organisme et que le donateur reçoit un reçu officiel (émis par l’organisme, jamais par GoFundMe), alors le don ouvre la porte à la déduction fiscale.
- Donner via GoFundMe à une association reconnue, avec reçu émis par elle : admissible à la déduction.
- Donner pour une cause individuelle ou un projet personnel : aucune incidence sur la fiscalité.
Attention aussi à la forme du don : offrir un bien ou un service, c’est s’exposer à une évaluation à la juste valeur marchande. Et là encore, tout dépendra d’un reçu officiel de l’organisme bénéficiaire.
La date du don fixe l’année d’imposition. Seules les contributions versées à des organismes de bienfaisance enregistrés avant le 31 décembre comptent pour l’année en cours.
L’horizon législatif : ce que réserve la suite aux donateurs
La question des avantages fiscaux pour les dons via GoFundMe attise désormais le débat public. Des élus fédéraux veulent lever l’ambiguïté : intégrer les plateformes de financement participatif dans le champ des dons déductibles. La commission des finances planche sur des amendements pour permettre la reconnaissance des dons transitant par ces plateformes, à condition que l’argent aboutisse à la bienfaisance et que le bénéficiaire soit dûment enregistré auprès de l’Agence du revenu du Canada.
- Un projet de loi sur la table prévoit de reconnaître explicitement les plateformes comme GoFundMe pour les dons destinés à des organismes de bienfaisance enregistrés.
- Les discussions portent aussi sur la transparence des flux et l’émission de reçus officiels conformes.
Les donateurs devront rester en alerte : de nouveaux règlements pourraient bientôt changer la donne. Les fiscalistes, eux, conseillent de s’en tenir, pour l’instant, aux dons directs vers les organismes reconnus pour s’assurer un montant admissible au crédit d’impôt. Impossible de savoir si le changement s’appliquera rétroactivement sur l’année d’imposition 2025.
La pression grimpe sur l’Agence du revenu du Canada : la clarification s’impose alors que les plateformes se multiplient et que les particuliers espèrent, eux aussi, voir leur générosité récompensée. Qui sait ? La prochaine réforme fiscale pourrait bien transformer un simple clic solidaire en véritable levier fiscal. D’ici là, le donateur avisé reste aux aguets, prêt à ajuster sa générosité au rythme des débats parlementaires.