Partir à 60 ans avec 168 trimestres : les conditions à remplir

Obtenir une retraite à 60 ans avec 168 trimestres validés ne garantit pas automatiquement le départ. L’accès à ce dispositif dépend de l’âge de début d’activité, du nombre de trimestres cotisés, et du respect de critères spécifiques comme la reconnaissance de carrière longue.

Plusieurs situations excluent certains assurés, même avec un parcours professionnel continu. Les périodes assimilées, telles que le chômage ou la maladie, ne comptent pas toujours intégralement. La réglementation distingue les trimestres validés de ceux effectivement cotisés, rendant l’accès à la retraite anticipée plus complexe qu’il n’y paraît.

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Comprendre la retraite anticipée à 60 ans : qui est concerné ?

Partir à 60 ans ne relève ni du mythe, ni du privilège réservé à une poignée d’élus. Il s’agit d’un droit encadré pour celles et ceux qui ont démarré tôt leur vie active et totalisent la durée d’assurance imposée, soit 168 trimestres cotisés, rien de moins. Ce mécanisme s’adresse à de nombreux profils : salariés du privé, fonctionnaires, indépendants, exploitants agricoles, tous affiliés à la Sécurité sociale ou à la MSA. Les régimes spéciaux, comme ceux de la RATP ou de la SNCF, conservent leurs propres règles, mais la logique reste la même : il faut remplir scrupuleusement les conditions posées par la Sécurité sociale pour prétendre à un départ anticipé.

La notion de carrière longue s’appuie sur l’âge d’entrée dans la vie professionnelle. Démarrer avant ses 20 ans peut ouvrir les portes d’un départ à 60 ans, à condition de réunir suffisamment de trimestres cotisés. Attention : les périodes de chômage, d’arrêt maladie ou de congé maternité ne sont retenues que dans des limites bien précises, loin d’être systématiques.

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Derrière cette architecture rigoureuse, les différents régimes, général, MSA, complémentaires comme Agirc-Arrco ou Ircantec, coordonnent leurs règles pour garantir des droits cohérents. Chaque caisse examine selon ses propres critères la durée d’assurance, mais la trajectoire reste identique : commencer tôt, éviter les interruptions, et comptabiliser chaque trimestre cotisé sans faille.

168 trimestres cotisés : que signifie réellement cette exigence ?

Entendre parler de 168 trimestres cotisés, c’est presque devenu un refrain dans le débat sur la réforme des retraites. Mais la réalité derrière ce chiffre est bien plus technique que ne le laissent entendre les slogans. Impossible de s’en remettre à une simple addition des années d’activité : chaque trimestre doit répondre à des critères précis de cotisation, fixés noir sur blanc par le décret 2023-436.

Pour qu’un trimestre soit officiellement “cotisé”, il faut avoir versé des cotisations sur un revenu au moins égal à 150 fois le Smic horaire brut, soit 1 747,50 euros en 2024. Peu importe le nombre d’emplois cumulés ou l’intensité du travail : au maximum, seuls quatre trimestres peuvent être validés chaque année civile.

Voici les points de vigilance à avoir en tête concernant la validation des trimestres :

  • Le plafond annuel est strict : quatre trimestres au maximum, quelle que soit la somme des activités, même pour ceux qui enchaînent les contrats.
  • Les trimestres assimilés (chômage indemnisé, maladie, maternité, service national) sont comptabilisés, mais dans la limite fixée par la réglementation. Par exemple, seuls quatre trimestres de chômage non indemnisé peuvent être retenus.
  • Les périodes de congé parental ou d’aide à un proche (assurance vieillesse des aidants) entrent dans la catégorie des trimestres réputés cotisés, mais là encore, les plafonds sont encadrés par le décret 2023-580.

Distinguer trimestres cotisés, assimilés et réputés cotisés n’est pas un exercice de style : c’est la clé pour accéder à la carrière longue. La logique du « tout cotisé » reste la règle, même si quelques trimestres assimilés peuvent être intégrés. Cela signifie que les trajectoires hachées, marquées par de longues périodes d’inactivité, risquent d’être recalées.

Quelles conditions précises remplir pour partir plus tôt ?

Le dispositif de départ anticipé à 60 ans cible avant tout celles et ceux qui relèvent du mécanisme des carrières longues. Démarrer tôt, avant ses 20 ans, constitue la première pierre. Mais il faut aussi réunir 168 trimestres, la quasi-totalité devant être cotisée. Les trimestres obtenus grâce à la majoration pour enfant ou au chômage non indemnisé n’entrent pas dans le calcul : impossible de les utiliser pour combler un manque.

Ce verrou s’applique quel que soit le régime de rattachement : salarié du privé, fonctionnaire, indépendant, chaque caisse applique la même rigueur. En clair, pas de passe-droit, pas d’adaptation au cas par cas.

Selon les situations, certaines voies de départ anticipé existent néanmoins :

  • Les travailleurs reconnus en incapacité permanente d’au moins 50 % peuvent partir plus tôt, dès 55 ou 60 ans selon le taux d’incapacité.
  • Les métiers exposés à la pénibilité, identifiés via le Compte professionnel de prévention, donnent droit à des points qui peuvent avancer l’âge de départ.
  • Les personnes ayant travaillé au contact de l’amiante bénéficient d’un dispositif spécifique, l’allocation travailleurs de l’amiante (ATA), permettant un départ avant l’âge légal classique.

Au moment du dépôt de la demande, la caisse de retraite vérifie scrupuleusement la durée d’assurance : aucune approximation, aucune tolérance. Les régimes complémentaires, comme l’Agirc-Arrco ou la MSA pour les agriculteurs, appliquent la même mécanique. En matière de départ anticipé, chaque trimestre se justifie, chaque document compte.

retraite conditions

Les démarches essentielles pour bénéficier de la retraite anticipée

S’engager dans la retraite anticipée à 60 ans ne s’improvise pas. Il faut une préparation minutieuse. Première étape : déposer sa demande auprès de la Sécurité sociale ou de la Cnav, au moins six mois avant la date envisagée. La procédure est désormais dématérialisée, mais beaucoup préfèrent solliciter un conseiller retraite pour éviter toute erreur sur leur relevé de carrière.

Le relevé de carrière doit être examiné dans les moindres détails. Chaque trimestre cotisé doit correspondre à une période d’emploi, sans trou ni incohérence. Les trimestres assimilés, maladie, chômage indemnisé, ne comptent pas dans le calcul des trimestres nécessaires pour un départ anticipé. Il faut réunir tous les justificatifs : bulletins de salaire, attestations d’employeur, relevés Agirc-Arrco ou MSA, selon le régime.

Voici les étapes à ne pas négliger pour sécuriser son dossier :

  • Sollicitez auprès de votre caisse une attestation de situation “carrière longue”, indispensable pour valider votre droit au départ anticipé.
  • Veillez à engager les démarches auprès des régimes complémentaires : la liquidation de la retraite de base ne suffit pas, le versement global dépend aussi de ces formalités.
  • Vérifiez si vous pouvez prétendre au minimum contributif (Mico) ou à l’ASPA si votre pension s’annonce modeste.

Une fois le dossier instruit, la notification de pension précise le montant, le taux et la date de mise en paiement. Il reste à surveiller la fiscalité : prélèvements sociaux (CSG, CSS), éventuelles majorations, tout cela influe sur le montant final. Pour chaque personne qui vise le départ à 60 ans, cette mécanique exigeante balise le chemin, sans surprise de dernière minute, à condition d’avoir gardé le cap dès le premier jour de sa vie active.